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118 RECHERCHES SUR MOLIÈRE.
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nous serions aussi bien passés de la sienne; et, content de l'admirer dans ses ouvrages, je m'embarrassois peu ni qui il étoit, ni d'où il étoit. L'État n'est nullement intéressé dans sa naissance ni dans ses actions1. »
A la même époque, Boileau, en parlant du livre de Gri-marest se contentait, sans y apporter une seule rectification, d'écrire à Brossette : « Pour ce qui est de la Vie de Molière, franchement ce n'est pas un ouvrage qui mérite qu'on en parle ; il est fait par un homme qui ne savoit rien de la vie de Molière, et il se trompe dans tout, ne sachant pas même les faits que tout le monde sait*. »
L'indifférence, la légèreté, l'inexactitude volontaire apportées par les écrivains du dix-huitième siècle dans leurs publications historiques n'ont été signalées que de nos jours. L'abbé de Monville en faisait, dès 1730, le naïf aveu dans la préface de la Vie de Pierre Mignard, dont la fille avait tenu sur les fonts de baptême le dernier enfant de Molière. Catherine Mignard, devenue comtesse de Feuquières, avait remis à l'abbé de Monville des papiers de famille avec lesquels il aurait pu rester dans la stricte vérité des faits, mais il s'en garda bien, et s'en vantait en ces termes : « J'ai suivi l'ordre des temps avec le plus de régularité qu'il m'a été possible, sans cependant m'assujettir à marquer toujours la date précise des morceaux dont je fais mention ; plus d'exactitude eût un peu trop senti le Journal. Renfermé dans mon sujet, je ne m'en suis écarté qu'avec retenue, et seulement pour délasser le lecteur des descriptions trop fréquentes de tableaux et de portraits •.. »
C'est encore la méme manière de voir qui inspire Voltaire, lorsqu'en 1734 il commence ainsi la vie de Molière : « Le goût de hien des lecteurs pour les choses frivoles, et
1. LetÊM critique écrite à M. de *** sur le livre intitulé la Vie de IL dè
Molière t 1706,. in?12* Cette lettre eit attribuée à di Visé.
2. Correspondance entre Boileau et Brossette, publiée par M. Laverdet, 1858, in-8°, page 214.
3. La Vie de Pierre Mignard, premierpeintre duRoi; 1730, in- i2rpage xliij.
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